Accusée de sionisme, de glorification de l’armée américaine ou encore d’un manque de diversité dans ses personnages, Rebecca Yarros cristallise les débats sur les réseaux sociaux depuis plusieurs mois. Pourtant, malgré ça, en France, le phénomène ne faiblit pas. Portée par l’essor de la romantasy et la popularité de Fourth Wing, l’autrice multiplie les publications dans l’Hexagone : In the Likely Event, Retour de flame, Chère Ella… chaque sortie semble scrutée et attendue. Loin de freiner sa carrière, la polémique semble cohabiter avec une ascension fulgurante, confirmée par sa place dans le classement “Post Next 50” du Washington Post.
Rebecca Yarros : des polémiques régulièrement mises en avant sur les réseaux littéraires
Rebecca Yarros, autrice à succès de Fourth Wing et Iron Flame, a vu sa notoriété accompagnée d’un cortège de controverses. Certaines concernent ses prises de position politiques supposées, notamment à propos du conflit israélo-palestinien. La poursuite de la traduction de ses romans en Israël malgré les appels au boycott, un post Instagram maladroitement formulé puis modifié, ainsi que les publications pro-israéliennes de son mari ont contribué à alimenter les critiques.
À cela s’ajoutent des accusations sur la représentation biaisée de l’armée américaine dans son roman In the Likely Event, ainsi que des reproches sur la façon dont la diversité est abordée dans Fourth Wing. Des lecteurs ont pointé un flou dans la caractérisation racisée des personnages et une appropriation jugée superficielle du gaélique dans les noms des dragons. Malgré ces critiques, l’autrice continue de défendre une certaine forme d’engagement social, notamment à travers l’association OneOctober qu’elle a cofondée pour soutenir les enfants du système d’accueil américain.
Pour en savoir plus : l’article complet au sujet des polémiques autour de Rebecca Yarros.
En France, le succès ne faiblit pas : la saga The Empyrean et les autres romans de Rebecca Yarros séduisent un lectorat toujours plus large

Malgré les polémiques, Rebecca Yarros s’impose avec une étonnante solidité sur le marché francophone. Portée par la popularité croissante de la romantasy, sa saga The Empyrean, traduite chez Hugo Roman, est aujourd’hui l’une des plus mentionnées dans les communautés de lecture en ligne. Fourth Wing et Iron Flame ont ainsi connu un accueil significatif. Le troisième tome, Onyx Storm, déjà disponible en version originale, est d’ores et déjà attendu avec impatience en version française.
La dynamique ne s’arrête pas à cette seule saga. In the Likely Event, pourtant au cœur des controverses liées à la vision de l’armée, a été publié en français par J’ai Lu le 15 janvier 2025, preuve que les maisons d’édition françaises poursuivent leur collaboration avec l’autrice. Le 9 avril 2024, c’est Chère Ella, un autre roman de Yarros, qui a fait son entrée au Livre de Poche, bien qu’il ait été publié initialement en 2019 en version française.
Enfin, une nouvelle saga s’installe en librairie française : Legacy. Le premier tome, Retour de flame, est paru chez Michel Lafon le 20 mars 2025, confirmant la volonté des éditeurs de miser sur la popularité de l’autrice. Cette multiplication des publications sur différents segments du marché (romantasy, romance militaire, romance contemporaine) traduit une stratégie éditoriale claire : accompagner une demande forte malgré les débats.
Entre attentes commerciales et reconnaissance médiatique : une trajectoire confortée par le Washington Post
Si Rebecca Yarros fait l’objet de polémiques sur les réseaux, sa carrière est également ponctuée de signes de reconnaissance. L’un des plus marquants reste sa présence dans le classement “Post Next 50” du Washington Post, dévoilé début 2025. Ce classement prestigieux désigne les 50 personnalités qui, selon la rédaction du journal, façonneront la société dans l’année à venir.
Cette mise en lumière dépasse le simple cadre littéraire : elle ancre l’autrice dans une trajectoire sociétale et culturelle globale, où les enjeux de représentation, de genre littéraire et d’influence politique se croisent. Ce type de reconnaissance médiatique renforce malheureusement l’attrait pour des figures encore polémiques.
En dépit de critiques persistantes, Rebecca Yarros devient un cas d’école dans l’édition contemporaine : celui d’une autrice dont la notoriété s’affirme à la croisée des controverses, des stratégies éditoriales et d’un engouement populaire qui ne se dément pas.
De Colleen Hoover à Sarah J. Maas : quand les polémiques n’empêchent pas le succès
Le cas Rebecca Yarros, aussi singulier soit-il, s’inscrit dans une tendance plus large où la controverse ne freine pas nécessairement le succès littéraire. Ces dernières années, d’autres autrices très populaires ont connu des vagues de critiques tout en continuant à occuper les premières places des ventes.
Colleen Hoover en est l’exemple le plus parlant. L’autrice américaine, notamment connue pour It Ends With Us (Jamais Plus en version française), a été accusée de romantiser des relations toxiques et de banaliser certaines formes de violence conjugale. Plusieurs critiques ont également pointé du doigt le traitement problématique des relations familiales et le manque de nuances dans certains de ses personnages masculins. Pourtant, ses romans continuent de se vendre par millions, traduits dans des dizaines de langues, et figurent en tête des classements, notamment en France où son lectorat est particulièrement actif.
De son côté, Sarah J. Maas a elle aussi fait l’objet de discussions critiques, notamment autour de la représentation de la diversité dans ses sagas Un palais d’épines et de roses ou Crescent City. Certains lecteurs ont reproché à l’autrice de proposer des univers où les protagonistes sont majoritairement blancs, hétérosexuels et aux physiques stéréotypés, dans des récits pourtant contemporains et très influents dans la romantasy actuelle. En outre, ses positions en lien avec le conflit israelo-palestinien occupent aussi une partie des débats. Là encore, ces critiques n’ont pas empêché l’autrice d’accroître sa domination dans les rayons fantasy et young adult.
Ces trajectoires montrent que les polémiques n’ébranlent pas systématiquement la fidélité des lecteurs. Les communautés de lecteurs se révèlent complexes, capables à la fois de débattre publiquement d’enjeux sociopolitiques et de continuer à acheter, recommander, et défendre ces autrices sur les réseaux sociaux.
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