Le livre pour enfants Freckleface Strawberry, écrit par l’actrice Julianne Moore, a été retiré des écoles américaines gérées par le ministère de la Défense. Officiellement interdit pour des raisons floues, il semblerait que son message d’acceptation de soi et de diversité ait conduit à son bannissement dans un contexte de censure croissante aux États-Unis. Une décision qui s’inscrit dans une vague plus large de suppression d’ouvrages perçus comme « progressistes », alors que le pays connaît une montée en puissance des restrictions dans les bibliothèques scolaires et publiques.
Freckleface Strawberry, un livre pour enfants jugé trop progressiste ?
Sorti en 2007, Freckleface Strawberry raconte l’histoire d’une petite fille rousse aux taches de rousseur, qui apprend à s’accepter malgré ses différences. Un message simple et universel qui, a priori, n’a rien de controversé. Pourtant, l’ouvrage a été retiré des écoles administrées par le ministère de la Défense, un réseau qui scolarise environ 20 000 élèves aux États-Unis.
Aucune raison officielle précise n’a été donnée pour cette interdiction. Cependant, plusieurs observateurs estiment que le livre a été identifié comme « progressiste » en raison de ses thèmes liés à l’estime de soi et à l’acceptation des différences. De plus, le simple fait que l’héroïne soit une fillette aurait suffi à l’étiqueter comme un ouvrage à portée féministe.
L’actrice et autrice Julianne Moore est également connue pour son engagement politique : elle défend les droits LGBTQ+, milite pour un meilleur contrôle des armes à feu et s’est exprimée publiquement contre la politique de Donald Trump. Des prises de position qui pourraient avoir contribué à la décision de censurer son livre.
Une montée des interdictions de livres dans les écoles américaines
La censure de Freckleface Strawberry s’inscrit dans un mouvement plus large de bannissement d’ouvrages dans les écoles et bibliothèques publiques aux États-Unis. Depuis plusieurs années, les organisations conservatrices, soutenues par certains élus, tentent de limiter l’accès à des œuvres abordant des sujets considérés comme trop progressistes, tels que la diversité, l’égalité des genres ou les questions raciales.
Selon un rapport de PEN America, entre 2023 et 2024, pas moins de 10 046 livres ont été interdits aux États-Unis, dont 4 000 qui ont été retirés des bibliothèques scolaires. Parmi les ouvrages les plus ciblés figurent des romans traitant de l’identité LGBTQ+, du racisme ou encore des droits des femmes.
Des classiques comme Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur d’Harper Lee ou 1984 de George Orwell ont déjà été remis en question par certains États. Mais, ces dernières années, la censure s’est accentuée et concerne désormais des œuvres jeunesse, comme le prouve le cas du livre de Julianne Moore.
Une campagne conservatrice qui s’intensifie aux États-Unis
Cette vague de censure s’inscrit dans une dynamique plus large portée par les mouvances conservatrices américaines. Sous couvert de lutte contre le « wokisme », ces groupes mènent une campagne de restriction visant les contenus jugés en désaccord avec leurs valeurs. Les établissements scolaires, où se jouent les débats sur l’éducation et la transmission des valeurs, sont devenus l’un des principaux terrains d’affrontement.
Cette situation interroge sur la liberté d’accès à la culture et à la diversité des récits, notamment pour les jeunes lecteurs. Si la censure continue de s’intensifier, elle pourrait impacter durablement l’industrie du livre aux États-Unis et au-delà.
Reste à voir si les mobilisations d’associations comme PEN America ou d’auteurs et autrices engagés permettront de freiner cette tendance préoccupante.
