Les romances royales séduisent un large public depuis des années et leur popularité ne faiblit pas. Récemment, Mad Majesty de Delinda Dane s’est imposé comme un incontournable du genre, avec deux tomes supplémentaires prévus en 2025. D’autres titres, comme King of Scots de Liv Stone ou My Dear F**ing Prince* de Casey McQuiston, témoignent du succès de ce trope. Au-delà de la romance contemporaine, cette dynamique reste un élément clé dans la romantasy. Toutefois, derrière cette fascination, que recherchent réellement les lecteurs ? Entre évasion dans un monde de faste et idéalisation d’une autorité bienveillante, ces récits oscillent entre conte de fées et réinterprétation moderne d’une institution chargée d’histoire.
Un engouement qui ne faiblit pas : la romance royale continue de séduire les lecteurs
Depuis plusieurs années, la romance royale reste un sous-genre particulièrement apprécié. La preuve en est avec le succès de Mad Majesty de Delinda Dane. Les lecteurs et lectrices attendent d’ailleurs avec grande impatience la suite, puisque deux suites sont déjà prévues (Fallen Majesty et Dark Majesty – à paraître courant 2025). De même, Liv Stone avec sa romance uchronique King of Scots et Casey McQuiston avec My Dear F***ing Prince confirment cette tendance. Dans un registre plus jeunesse, La sélection de Kiera Cass, publié il y a plus de dix ans, continue encore de captiver de nouveaux lecteurs.
Cette fascination pour la monarchie ne se limite pas à la romance contemporaine : la romantasy s’empare également du sujet des univers faits de jeux de pouvoir et, souvent, de mariage arrangé. La souveraineté y devient le point de départ d’intrigues complexes, renforçant l’intérêt pour ces dynamiques amoureuses. Dans tous les cas, qu’il s’agisse de princes modernes ou de rois fictifs dans des mondes imaginaires, l’attrait pour ces figures de pouvoir semble intemporel.
Entre pouvoir et luxe : la romance royale comme échappatoire ?
Si la romance royale fonctionne si bien, c’est très certainement, et en grande partie, grâce à son cadre. Ces récits plongent les lecteurs dans des univers où le faste et l’opulence règnent en maîtres : châteaux immenses, jardins raffinés, robes somptueuses et bals grandioses sont autant d’éléments qui viennent enrichir l’imaginaire. La mise en scène de ce luxe, souvent inaccessible à chacun dans la vie quotidienne, accentue la dimension d’évasion propre à ces histoires.
La romance y joue un rôle fondamental : elle permet aux lecteurs d’accéder à ces mondes élitistes à travers les yeux d’un personnage, souvent en décalage avec cet univers. Ce dernier point permet d’ailleurs au lecteur de s’identifier d’autant plus. L’écart entre la vie quotidienne du lecteur et celle du protagoniste devient alors un vecteur d’immersion, un moyen de se projeter dans un conte de fées moderne.
À la question “pourquoi est-ce que vous lisez”, le besoin d’évasion arrive souvent en tête de fil des réponses des lecteurs. En pratique, avec tous les éléments cités, on peut dire que la romance royale répond parfaitement à ce besoin. Cette monarchie idéalisée a tendance à faire rêver et la tendance semble pour le moment loin de s’essouffler.
Romance royale : un pouvoir qui reste idéalisé et glamourisé
À l’instar d’autres tropes populaires, comme celui du mariage arrangé, la romance royale repose en grande partie sur une idéalisation. Les figures souveraines y sont souvent représentées comme des dirigeants justes et bienveillants, en opposition avec les réalités politiques bien plus nuancées. Concrètement, ce n’est pas la monarchie en tant que telle qui fait rêver, mais plutôt la royauté idéalisée des romances qui vient nourrir notre imaginaire.
On peut également avancer que cette vision embellie de la monarchie répond à un besoin de stabilité. Alors que le monde contemporain est marqué par l’incertitude, la figure royale fictive apparaît comme une force rassurante, garantissant ordre et continuité. Pourtant, là encore, cette image s’éloigne de la complexité historique et institutionnelle des monarchies réelles, où le pouvoir est souvent contesté ainsi que sujet à des dynamiques de contrôle bien plus rigides.
Un type de romance propice à d’autres tropes incontournables
L’un des principaux leviers narratifs de ces romances réside dans la figure même de l’amour interdit. Beaucoup de ces histoires mettent en scène deux personnages n’appartenant pas à la même classe sociale et qui, de base, ne sont pas censés s’aimer. En pratique, la romance entre un membre de la royauté et une roturière reste un classique du genre, car elle joue sur la notion d’interdit et celle du sacrifice personnel. L’obligation de choisir entre devoir et amour est un dilemme récurrent, source de nombreux rebondissements.
Cependant, les romances royales ont évolué ces dernières années. La figure de la princesse passive, dépendante d’un prince sauveur, tend à disparaître. Désormais, ce sont les héroïnes qui prennent en main leur destin, souvent en imposant leurs propres règles au sein d’un système monarchique traditionnellement codifié. Cette évolution témoigne d’une volonté d’adapter ces récits aux attentes d’un lectorat moderne, en quête d’héroïnes fortes et indépendantes.
Des romances qui évoluent en même temps que les lecteurs
Les héroïnes des romances royales d’aujourd’hui ne se contentent plus d’être la figure de la « jeune fille en détresse ». Elles sont souvent porteuses de valeurs fortes, telles que l’indépendance, l’égalité et la volonté de moderniser des institutions archaïques.
L’influence de figures comme la princesse Diana est notable dans plusieurs œuvres du genre. Mad Majesty de Delinda Dane, par exemple, présente une héroïne dont certains traits rappellent la princesse des coeurs : un esprit libre, une posture de défi face aux conventions royales, et une volonté de donner du sens à son statut.
De plus en plus, ces romances intègrent des thématiques féministes et des luttes personnelles, offrant une vision plus nuancée de ce que signifie être une femme au sein d’une monarchie moderne. Rappelons néanmoins que, une fois encore, il s’agit là d’une idéalisation et que le portrait fait n’est peut-être pas conforme à la réalité, même si on peut imaginer que la monarchie évolue elle aussi au fil des époques.
Une fascination historique pour les mariages princiers qui ne s’essouffle pas
L’attrait pour les romances royales trouve aussi ses racines dans une fascination bien réelle pour les mariages princiers. Des contes de fées comme Cendrillon ont largement contribué à façonner l’imaginaire collectif autour de l’union entre une roturière et un prince. D’ailleurs, le conte reste la base de nombreuses réécritures actuelles.
Plus récemment, les mariages royaux médiatisés, tels que ceux de Diana Spencer et Charles, de Kate Middleton et William, ou encore de Meghan Markle et Harry, ont captivé des millions de spectateurs à travers le monde. Ces événements grandioses renforcent la popularité de ces romances royales dans la culture populaire. La série The Crown, qui retrace l’histoire de la famille royale britannique, illustre également bien cette fascination et la manière dont elle continue d’influencer la fiction contemporaine.
Une esthétique parfaite pour les tendances littéraires sur les réseaux sociaux
Enfin, le succès de la romance royale s’explique aussi par son esthétique particulièrement séduisante, qui s’adapte parfaitement aux réseaux sociaux. Sur TikTok et Instagram, les montages, les fan-arts et les vidéos promotionnelles jouent sur l’élégance visuelle de ces univers, contribuant à leur viralité.
Les éditeurs l’ont bien compris : les couvertures des romances royales adoptent elles aussi des visuels travaillés, jouant sur des teintes dorées, des motifs baroques et des représentations de couronnes ou de palais. Cet aspect visuel renforce leur attractivité et permet de capter l’attention des lecteurs en quête de nouvelles romances royales.
Loin d’être une simple tendance passagère, la romance royale s’inscrit dans une dynamique qui allie tradition et modernité. Entre la nostalgie d’un pouvoir idéalisé et un besoin constant d’évasion, ces récits continuent d’attirer un public avide de contes modernes, tout en s’adaptant aux évolutions sociétales. Une chose est sûre : le règne des romances royales est loin d’être terminé.
Découvrir les livres cités dans cet article :
- Mad Majesty de Delinda Dane (cliquez ici).
- King of Scots de Liv Stone (cliquez ici).
- My dear f***ing prince de Casey McQuiston (cliquez ici).
- La sélection de Kiera Cass (cliquez ici).
