La maison d’édition indépendante américaine Quill and Flame a récemment attiré l’attention avec un post Instagram utilisant le hashtag #SICKOFTHESMUT – que l’on pourrait traduire par « marre du smut ». Ce message, en apparence anodin, a rapidement enflammé la communauté BookTok anglophone. Derrière cette prise de position, un discours assumé sur la place du sexe dans la romance, qui s’inscrit dans un contexte plus large de conservatisme littéraire, notamment aux États-Unis. Alors que le post accumule des milliers de réactions, cette communication choque autant qu’elle interroge sur l’évolution des attentes dans la littérature romantique.
Smut : terme largement employé pour désigner les scènes sexuelles explicites dans les livres, notamment dans la romance et la romantasy.
Une petite maison d’édition qui cherche à se démarquer en rejetant les romances explicites ?
Quill and Flame est une maison d’édition encore peu connue, avec une quinzaine de titres publiés et une communauté d’environ 3 000 abonnés sur Instagram. Sur son site internet, son positionnement semble avoir toujours été clair : proposer des romances qui excluent les scènes explicites, les relations jugées toxiques et les « mots qui feraient rougir un marin ».
Derrière cette ligne éditoriale se trouve April J. Skelly, autrice et fondatrice de la maison, qui explique avoir créé Quill and Flame en réaction à une offre littéraire qu’elle juge inadaptée aux jeunes lecteurs. Ce refus du smut n’est donc pas nouveau, mais il a pris une ampleur inattendue lorsqu’un post Instagram arborant le hashtag #SICKOFTHESMUT a été publié début février 2025.
Jusqu’ici, la maison d’édition peinait à faire parler d’elle, avec des publications ne dépassant rarement les 50 likes et une dizaine de commentaires. Néanmoins, ce post précis a explosé en visibilité, atteignant plusieurs milliers de partages et de commentaires. Ce coup de communication semble donc avoir fonctionné au-delà des attentes de la maison d’édition, bien que la majorité des réactions soient négatives.

Un message qui divise et alimente les débats sur le conservatisme dans la romance
La viralité de ce post ne s’explique pas uniquement par une stratégie marketing efficace. Ce qui a principalement enflammé les débats, c’est la nature même du message et son timing. Le refus du smut dans la romance n’est pas une simple question de préférence littéraire : il s’inscrit dans un débat plus large sur la censure et le retour de certaines valeurs conservatrices, notamment aux États-Unis, dans le domaine de la littérature jeunesse et romantique.
De nombreux créateurs de contenu littéraire dénoncent ce qu’ils considèrent comme une promotion de la culture de la pureté, un mouvement qui vise à condamner les représentations de la sexualité dans les médias et la littérature. À l’inverse, certains défendent la démarche de Quill and Flame en expliquant qu’il existe un lectorat en demande de romances sans scènes explicites, et que cette position n’implique pas forcément une censure ou une critique du smut en lui-même.
Ce débat dépasse d’ailleurs cette seule maison d’édition. Depuis plusieurs mois, une frange plus conservatrice de BookTok remet régulièrement en question la place des scènes de sexe dans la romance, avançant l’argument que trop de livres reposent sur ces éléments.
Un bad buzz qui pourrait bien profiter à la maison d’édition (ou pas)
Si le message de Quill and Flame a suscité un tollé, il pourrait néanmoins se transformer en opportunité. Le post controversé a permis à la maison d’édition d’acquérir une visibilité inédite, et son positionnement attire désormais l’attention d’un lectorat à la recherche de romances sans smut.
Reste à voir si cette publicité involontaire bénéficiera à la maison sur le long terme ou si l’effet de buzz s’essoufflera rapidement. Une chose est certaine : le débat autour du smut dans la romance est loin d’être terminé, et cette prise de position ne sera probablement pas la dernière à diviser la communauté littéraire.