Clara Hérault semble se faire une place plus qu’importante dans l’univers de la littérature young adult francophone. Après L’effet boule de neige et Nos plus belles années (pas encore lus pour ma part), l’autrice sort Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été, annoncé comme l’un des incontournables de l’été 2024.
Avec une couverture qui annonce tout de suite la couleur, beaucoup s’attendent à plonger dans une romance estivale. Toutefois, ne vous y trompez pas, la proposition est tout autre et un peu plus complexe qu’il n’y parait. Entre questions existentielles, dépression, déceptions et espoirs, ce roman nous livre un portrait juste et réaliste de ce que c’est de devenir adultes. Pour ma part, cela a été l’occasion de partir 10 ans en arrière, à l’époque où je vivais les mêmes questionnements que Léna et Phoebe.
L’histoire touchante de Phoebe et Léna, deux sœurs qui ne se comprennent plus

Dans ce roman, Clara Hérault nous plonge au sein de la famille Capdeville avec deux sœurs, Léna et Phoebe, qui font face chacune à de grands questionnements. La première va avoir dix-huit ans et compose avec une relation conflictuelle avec sa mère, des questionnements sur sa sexualité et une sœur qui ne lui parle plus. Phoebe, quant à elle, se retrouve dans un cercle vicieux où pression et dépression cohabitent.
Le roman explore des thèmes universels comme la recherche d’identité, les relations intra-familiales et la pression des attentes parentales. Clara Hérault aborde ces sujets avec une sensibilité qui parle directement aux jeunes adultes.
Comme tous les étés, les deux sœurs quittent Paris pour se retrouver sur la côte basque, plus précisément à Anglet, où vit leur grand-mère. Elles y retrouvent leurs amis et, bien entendu, l’océan. Malheureusement pour Phoebe, il y a également Isaac qui l’attend, l’homme qu’elle aime et qu’elle a quitté pour poursuivre “son rêve”. Pour Léna, c’est une nouvelle rencontre, Ina, qui viendra bousculer son été.

Léna Capdeville
À l’aube de ses 18 ans, Léna est confrontée à des questionnements profonds sur son identité et ses relations. Malgré son caractère parfois difficile, son mal-être résonne de manière authentique.

Phoebe Capdeville
Engluée dans un cercle vicieux de pression et de dépression, Phoebe incarne les défis du burn-out étudiant et les sacrifices personnels pour satisfaire les attentes parentales.
Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été : est-ce vraiment une romance estivale ?
Beaucoup m’ont vendu ce livre comme LA romance de l’été. Heureusement que j’ai lu quelques critiques Babelio avant de me lancer, car je pense que j’aurais été déçue. J’ai donc commencé cette lecture en ayant bien en tête : “ si vous recherchez une romance, ce n’est peut-être pas le livre qu’il vous faut”. Au final, cela m’a permis d’apprécier pleinement le cœur du récit, soit les questionnements de ces deux jeunes filles et leur histoire de famille complexe (mais qui ressemble tellement à l’histoire de beaucoup d’entre nous).
Ce livre m’a permis de replonger l’espace d’une lecture dans mon passé à moi, quand j’avais 18 ans et que je partais au même endroit, remplie des mêmes questions. Les histoires de ces deux personnages m’ont réellement touchée et je me suis revue en elles sur certains aspects. Effectivement, bien que présente, la romance n’est pas le cœur de cette histoire. Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été n’en reste pas moins un récit intéressant, que j’aurais tendance à vous recommander.
Plusieurs thèmes indispensables sont abordés dans cette lecture, comme notamment le burn-out étudiant et le fait de tout faire pour satisfaire les attentes de ses parents. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour satisfaire les espoirs de nos parents ? Le sacrifice en vaut-il vraiment le coup ? Les questionnements sur la sexualité de Léna sont également au centre de cette intrigue et je les trouve plutôt bien amenés, conformes à la réalité de beaucoup de jeunes femmes de 17 ans.
Léna Capdeville : un personnage qui fait débat ?
Je voulais m’attarder un peu plus sur le personnage de Léna. En lisant les avis lectures au sujet de Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été, j’ai remarqué que son personnage faisait beaucoup parler. Beaucoup lui prêtent des traits comme “égoïste”, “énervante”, etc. Pour ma part, je dois vous avouer que ma lecture de ce personnage a été bien différente.

Certes, le personnage de Léna Capdeville n’est pas simple. Son caractère peut vite crisper (que ce soit dans une lecture ou dans la vraie vie). Toutefois, pour ma part, j’ai tout de suite été frappée par son profond mal-être. Peut-être est-ce parce que j’ai une personnalité un peu similaire, avec une tendance à claquer les portes, mais j’ai été plus touchée par sa souffrance qu’agacée par son caractère.
Ce qui m’amène à évoquer un autre point important de ce livre : le manque de communication dans les familles et les relations conflictuelles avec ses parents. Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été, c’est aussi un roman qui tourne aussi des relations intra-familiales et qui m’a également beaucoup touché à ce niveau-là.
Quels sont les trigger warning de Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été ?
Les trigger warning sont au cœur de nombreux débats, notamment sur les réseaux littéraires. Pour ma part, cela reste une préoccupation légitime et je me renseigne toujours à ce sujet avant une lecture. Dans certains cas, cela peut représenter un spoiler, mais pour Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été, je pense que les TW sont directement évoqués dès le résumé. D’ailleurs, l’autrice en parle directement au début du livre et propose différentes ressources à la fin.
Les trigger warning (TW) de Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été de Clara Hérault :
- dépression / burn-out ;
- relations conflictuelles intra-familiales ;
- évocation d’homophobie intégrée.
L’âge minimum recommandé par le fabricant est de 12 ans. Pour ma part, je pense que cette lecture peut être pertinente à partir de 14/15 ans.