Derrière un titre qui peut prêter à sourire se cache une histoire qui mérite vraiment d’être lue. Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique intrigue par son titre et attire l’œil avec sa couverture. Si vous hésitez à l’ouvrir, sachez que la lecture en elle-même vaut vraiment le coup et que ce livre fait sans nul doute partie des livres que j’ai préférés cette année. Aujourd’hui, je vous en dis un peu plus en vous livrant mon avis complet sur Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique écrit par Balli Kaur Jaswal et publié dans la collection Nami Poche des éditions Leduc.
L’histoire étonnante d’un club de veuves qui ont toutes une histoire à raconter

Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique nous emmène à Londres, aux côtés de Nikki. Nikki est une jeune femme de 22 ans qui peine à trouver une direction à prendre dans sa vie. Elle a abandonné ses études, au plus grand désespoir de ses parents, et s’est fait engager dans un pub. La route qu’elle emprunte semble peu commune pour une jeune femme sikhe et la réprobation de sa famille lui pèse au quotidien.
Alors qu’elle rend service à sa sœur en se rendant au temple de Southall, Nikki tombe sur une offre d’emploi. Le temple recherche un professeur afin d’enseigner l’écriture à un petit groupe de femmes de la communauté. Au vu de sa passion pour l’écriture, elle postule tout de suite, avec l’espoir de pouvoir aider ses femmes cherchant à booster la créativité de leurs écrits.
Toutefois, Nikki va vite se rendre compte d’une chose : ses élèves ne veulent pas apprendre à être plus créatives. Les veuves qui constituent sa classe ne savent en effet ni lire ni écrire. Cependant, elles ne semblent pas prêtes non plus à suivre les cours d’alphabétisation concoctés par Nikki. Ces femmes ont d’autres choses qu’elles aimeraient raconter, dont notamment des histoires érotiques.
Une intrigante étonnante, qui vient bousculer plusieurs sujets indissociables de la vie des femmes
À mes yeux, ce livre possède de nombreuses qualités qui font qu’il doit être lu. Au fil des pages, l’autrice nous propose de partir à la découverte de ces femmes, toutes marquées par la vie d’une certaine façon. Leur statut de veuve leur impose une place bien particulière au sein de la société sikhe, mais elles ne sont pas décidées à se taire, bien au contraire. Elles ont toutes une histoire à raconter, une expérience à partager, et c’est sur ça que va se baser cette histoire.
Au fil des lignes, les lecteurs sont amenés à découvrir des morceaux de vie de chacune de ces femmes. Cela nous permet d’en apprendre plus sur certaines coutumes, notamment car la plupart d’entre elles ont dû faire face à un mariage arrangé. Les femmes parlent de tout, de l’anxiété à se marier avec un inconnu, de convenances, de pression familiale, ou bien encore simplement de la relation avec l’autre. Au final, la lecture nous livre plusieurs portraits de femmes ayant dû faire face à un mariage arrangé et apporte un regard nuancé sur cette question, s’émancipant ainsi des clichés que l’on pourrait en avoir.
En plus de la thématique du mariage, le livre va évoquer une multitude d’autres sujets importants. Ces femmes ont pour la grande majorité quitté leur pays, l’Inde, pour s’installer en Angleterre et ont dû faire face à un choc des cultures considérable, de même qu’au racisme. Le livre va également questionner la place de la femme dans l’institution religieuse – ici la communauté sikhe – ainsi que dans la société de façon plus générale.
Au travers de l’expérience de toutes ces femmes, de nombreux sujets vont pouvoir être évoqués et j’ai trouvé le récit véritablement riche. J’ai appris beaucoup de choses au fil de ces pages et je me suis posée beaucoup de questions (que je me pose encore pour la plupart). Sans grande surprise, la notion de sororité va aussi occuper une place majeure dans cette histoire, ce qui m’a réellement plu.
Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique : un livre loin de la lecture légère que l’on pourrait imaginer
Pour ceux qui ne s’arrêteraient qu’au titre et à la couverture, il est facile de penser qu’il ne s’agit là que d’une énième lecture “légère”, sans prise de tête. Toutefois, le livre est bien différent de ce que l’on pourrait imaginer. D’ailleurs, ne vous hasardez pas à cette lecture si vous recherchez simplement une romance (feel good ou non). Le livre ne se concentre absolument pas sur une histoire d’amour, même si évidemment, au vu du sujet, les relations amoureuses sont régulièrement évoquées.
Le livre traite de sujets importants, si ce n’est difficiles à certains moments. Balli Kaur Jaswal a néanmoins réussi le pari d’apporter une touche légère à son intrigue, permettant ainsi de profiter du récit avec un angle nouveau, et peut-être plus accessible. Il y a des moments légers, qui peuvent parfois faire sourire, mais le cœur du livre va vraiment venir questionner beaucoup de choses et il sera dommage de le ranger dans la mauvaise catégorie.
Coup de cœur pour cette lecture incroyable et ces personnages attachants
Au final, j’ai refermé ce livre avec le sentiment d’avoir trouvé une nouvelle lecture coup de cœur. Je ne m’y attendais pas forcément, ayant véritablement acheté ce livre au hasard. En plus de l’intrigue que j’ai déjà évoquée dans cet article, je trouve que le style d’écriture de Balli Kaur Jaswal apporte véritablement quelque chose. La narration est fluide, ce qui rend la lecture agréable. Comme je l’évoquais, l’autrice arrive parfaitement à mêler sujets graves et petites touches de légèreté, permettant de se questionner sur tous ces sujets d’une façon beaucoup plus « agréable ».
Le format en lui-même s’avère aussi digne d’intérêt. À vrai dire, j’avais un peu peur que les histoires du club des veuves, proposées à plusieurs moments dans le livre, viennent casser le rythme de lecture. Au final, ce n’a pas du tout été le cas, bien au contraire. J’ai trouvé que cela apportait une valeur ajoutée à cette histoire. Ces passages peuvent toutefois être un peu explicites, comme l’indique le titre même du livre.
Pour finir, j’ai été touché par tous les personnages constituant ce club des veuves. Au début, j’ai eu quelques réserves sur le personnage de Nikki, que je trouvais particulièrement énervant. Toutefois, en fermant le livre, je me suis rendue compte que l’histoire aurait été différente si le personnage nous avait été présenté autrement. Le fait d’avoir ce type de protagoniste moralement gris, et plutôt réaliste au final, apporte véritablement quelque chose au récit.
Quels sont les trigger warning du livre Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique ?
Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique est un livre que j’aurais tendance à recommander si vous n’avez pas encore eu l’occasion de le lire. Toutefois, gardez à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’une lecture “sans prise de tête”. Plusieurs sujets graves y sont évoqués comme notamment la violence, le sexisme, la misogynie, le deuil, etc. En outre, des scènes explicites composent également le livre.