Rarement en premier plan des posts sur les réseaux littéraires, le tiret cadratin suscite pourtant depuis quelques jours de vives réactions. En cause : une vidéo, initialement destinée à un public étudiant, indiquant que ce symbole typographique serait un signe quasi irréfutable de l’utilisation de l’intelligence artificielle générative dans un texte. Malgré un public initial bien défini, les professionnels de l’écriture se sont rapidement sentis visés et emparés du sujet. Retour sur cette polémique qui marque les réseaux littéraires ces derniers jours.
Le tiret cadratin, un simple signe devenu preuve d’IA ?
Tout commence par une vidéo TikTok dans laquelle une créatrice de contenu partage des astuces, qualifiées de quasi irréfutables, pour identifier l’usage de l’intelligence artificielle dans les copies des étudiants. Parmi ses indices principaux : le fameux tiret cadratin (—), une ponctuation souvent employée dans les dialogues, ainsi que des apostrophes jugées « trop parfaites » dans certains textes générés automatiquement.
Si la créatrice précise clairement que ses conseils ciblent uniquement les corrections de devoirs, et donc les étudiants, la vidéo s’échappe rapidement de son cadre initial. Sur Threads, Instagram, et TikTok, auteurices, éditeurices et professionnel.le.s de l’écriture se sentent directement visés. Ce qui n’était qu’une simple recommandation pour la sphère universitaire est alors perçu comme une accusation plus générale, qui s’inscrit au final dans un contexte beaucoup plus large.
Résultat : la communauté littéraire réagit vivement, dénonçant une dérive absurde qui aboutit à soupçonner le moindre choix typographique.
Un climat de suspicion généralisé envers l’intelligence artificielle
Cette polémique autour du tiret cadratin n’est pourtant pas isolée. Au même moment, une autre controverse similaire avait déjà secoué les réseaux sociaux littéraires : une créatrice affirmait alors que publier cinq livres par an prouvait forcément l’utilisation de l’IA. Les réactions, entre humour, sarcasme et indignation, traduisent de quelque chose de plus profond.
Depuis quelque temps, on constate effectivement une fatigue croissante face à une traque constante de l’intelligence artificielle, en particulier chez les auteurices (à noter que des sujets similaires sont soulevés dans d’autres secteurs, notamment celui de l’illustration, ndlr).
Ces polémiques répétées révèlent dans tous les cas d’une peur qui semble plus profonde : celle d’être trompé par des contenus produits par l’IA, mais aussi une crainte des professionnels d’être injustement soupçonnés. Ce climat crée malgré lui une tension permanente où chaque signe, chaque amélioration stylistique, devient suspect.
Finalement, c’est toute la frontière entre authenticité humaine et automatisation qui se brouille, entraînant une forme de paranoïa collective où même les détails typographiques les plus insignifiants sont scrutés.