Le phénomène de la sortie des livres uniquement en version reliée semble s’amplifier et n’échappe pas à l’oeil des lecteurs, bien au contraire. Powerless de Laurent Roberts, une sortie très attendue aux éditions Olympe, ne sera proposée qu’en édition reliée, alimentant le débat sur l’accessibilité des livres physiques. Les lecteurs dénoncent un phénomène qui tend à se généraliser, notamment pour les ouvrages particulièrement populaires sur les réseaux Booksta et Booktok.
La sortie de Powerless réveille le débat sur les livres proposés uniquement en version reliée
« Les livres brochés sont les nouveaux livres de poche« , peut-on lire de plus en plus souvent dans les commentaires sur les posts des maisons d’édition. Avec la sortie de Powerless, les éditions Olympe ne font pas exception à cette tendance. La version reliée de Powerless sera en effet le seul format physique disponible pour cette sortie tant attendue, ce qui a suscité une vague d’indignation dans la communauté littéraire.

Les critiques affluent principalement sur le fait que ce choix prive certains lecteurs d’une alternative plus abordable (comptez autour de 25€ pour le relié, contre 19€ pour le broché). En effet, ceux qui souhaitent découvrir ce livre en format physique n’auront pas d’autre choix que de débourser un prix plus élevé, une pratique qui tend à exclure une partie du lectorat, ou bien de se tourner vers le ebook. Bien que la version numérique soit disponible, beaucoup de lecteurs restent attachés au format papier. En outre, le format numérique n’est pas forcément adapté à tout type de lecteurs.
Powerless loin d’être un cas isolé, le phénomène de plus en plus courant
Le cas de Powerless n’est pas isolé, et d’autres exemples récents illustrent cette stratégie marketing de plus en plus fréquente. L’année dernière, la sortie de La chasseuse et l’alchimiste (Bigbang) initialement proposée uniquement en version reliée à 26,90 €, avait également fait grincer des dents. La version brochée n’a été rendue disponible que plusieurs mois plus tard. Cette même dynamique s’observe d’ailleurs pour le nouveau titre de l’autrice qui vient de sortir, Un si fragile enchantement, toujours aux éditions BigBang.
Chez d’autres maisons d’édition, telles que Hachette, La Tisseuse de Mélodies est encore un autre exemple de livre paru exclusivement en relié, tout comme Porcelaines sous les ruines chez Olympe. Même constat chez Calix, dont la nouvelle sortie, Spark of the Everflame, ne sera disponible qu’en version luxe dans un premier temps. Dès la publication de l’annonce, plusieurs lecteurs ont d’ailleurs interpellé la maison d’édition sur ce choix. Dans les faits, ce phénomène semble s’étendre de manière croissante, surtout pour des livres bénéficiant d’une forte médiatisation sur les réseaux sociaux.
L’essor de l’objet-livre et des éditions collector : une prise de position prévisible ?
Le développement de l’édition reliée s’inscrit dans un contexte plus large : celui de la tendance croissante de l’objet-livre. Les maisons d’édition misent de plus en plus sur des éditions « collector », souvent sublimées par des couvertures travaillées, du jaspage et d’autres détails visuels destinés à séduire les lecteurs. Le livre devient alors un objet à part entière, un produit esthétique à exposer, et plus seulement un support de lecture.
Cette approche s’avère être une véritable stratégie marketing, où la rareté et l’exclusivité des éditions luxe créent un sentiment d’urgence chez les lecteurs (même si les tirages semblent être du plus en plus importants). Cette tendance semble particulièrement forte chez les titres populaires sur des plateformes comme TikTok ou Instagram, où l’aspect esthétique des livres est un argument de vente incontournable. Le public est bien souvent au rendez-vous, mais cela soulève la question de l’accessibilité pour ceux qui ne peuvent pas, ou ne souhaitent pas, investir dans des éditions coûteuses.