L’assassinat de Charlie Kirk, figure de la droite radicale américaine (selon le terme utilisé aux USA pour ne pas s’affilier directement à l’extrême-droite, ndlr), a déclenché une vague de polémiques outre-Atlantique. Dans le sillage de sa mort, un phénomène particulier secoue désormais les réseaux littéraires : des autrices et des auteurs sont ciblés pour avoir choisi de ne pas s’exprimer, de ne pas rendre hommage à cette figure controversée ou d’avoir exprimé un avis sur la figure qu’il était avant sa mort. Retour sur les informations à connaître pour tenter de comprendre le phénomène derrière tout ça.
Charlie Kirk, une figure polarisante devenue « martyr » de la droite américaine ?
Charlie Kirk, fondateur de l’organisation conservatrice Turning Point USA et animateur du podcast « The Charlie Kirk Show », était l’une des figures les plus influentes de la droite radicale américaine (généralement qualifiée d’extrême droite par beaucoup en France). Opposé au droit à l’avortement, fervent défenseur du port d’armes, connu pour ses positions suprémacistes blanches (même s’il ne s’est jamais revendiqué officiellement comme tel*), il incarnait une ligne dure du conservatisme contemporain.
Le 10 septembre 2025, il a été tué par balles lors d’un meeting politique. Son assassinat a rapidement pris une dimension symbolique. Pour ses partisans, il est devenu une figure de « martyr », un héros sacrifié pour la cause conservatrice. Pour ses détracteurs, il restait un militant dont les idées et les actions avaient profondément divisé la société américaine.
Cette polarisation a alimenté une véritable tempête médiatique et numérique, où les lignes de fracture politiques se sont transposées sur de nombreux secteurs, y compris celui du livre.
*Charlie Kirk ne s’est jamais revendiqué explicitement comme un suprémaciste blanc. Toutefois, ses positions et ses discours (défense de la théorie du Grand Remplacement, position contre le mouvement anti-raciste, etc.) incitent certains observateurs à le qualifier comme tel.
Des listes noires sur les réseaux littéraires ?
Dans les jours qui ont suivi, des comptes influents de la sphère conservatrice ont commencé à dresser des listes de personnalités qui n’avaient pas rendu hommage à Charlie Kirk. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire de prime abord (notamment avec notre regard de Français), ces listes ne recensent pas celles et ceux qui ont exprimé leur soutien, mais au contraire celles et ceux qui sont restés silencieux ou critiques.
Ces noms circulent avec un appel au boycott. Plusieurs autrices reconnues ont été mentionnées, parmi lesquelles H.D. Carlton (Haunting Adeline), Kennedy Ryan (Before I let Go), ou encore Penn Cole (Spark of the Everflame).
À première vue, l’initiative peut sembler « isolée ». Néanmoins, en plus de prendre de plus en plus d’ampleur, elle illustre un climat de pression et de surveillance qui dépasse le simple champ littéraire : dans d’autres secteurs, certaines personnes ont rapporté avoir perdu leur emploi après avoir publié un message critique à l’égard de Charlie Kirk.
Mort de Charlie Kirk : une incitation à la traque numérique ?
Le phénomène ne s’arrête pas aux listes de noms. Dans certains cercles, des influenceurs conservateurs appellent ouvertement leurs abonnés à traquer les opposants présumés. Comme le rapporte BFM TV, l’activiste Joey Mannarino incite à « passer au peigne fin les comptes aux commentaires acerbes« , puis à identifier les personnes, comparer leurs photos de profil, retrouver leur employeur et « laisser des avis Google« .
Ce type d’appel à la dénonciation publique vise à exercer une pression sociale et professionnelle, transformant les réseaux sociaux en outil de répression idéologique.
Le « Bad Review Bombing », une arme numérique contre les auteurices
Dans la sphère littéraire, une autre forme de représailles a émergé : le « Bad Review Bombing ». Des internautes se coordonnent pour laisser en masse des avis négatifs sur les œuvres des autrices ciblées, afin de faire chuter artificiellement leurs notes et leur visibilité en ligne.
Goodreads, la plateforme de référence pour les lecteurs et les lectrices, a dû mettre en place des filtres après avoir détecté une activité suspecte. L’exemple du roman Red Queen de Victoria Aveyard a été particulièrement cité, tant l’afflux de critiques négatives avait pris une ampleur inhabituelle.
Une situation en constante évolution
Il est important de rappeler que ces informations circulent dans un climat extrêmement tendu et qu’il demeure difficile, vu de France, d’en mesurer pleinement la portée. Les campagnes de traque et de boycott sont mouvantes, alimentées par des rumeurs et des mobilisations virales.
Une chose est certaine : l’assassinat de Charlie Kirk, et la manière dont sa mémoire est instrumentalisée, révèle une Amérique plus divisée que jamais, où la littérature et ses communautés ne sont pas épargnées.
Tu remarque que c’est beaucoup des femmes qui sont visé