Le 17 septembre 2025, Bragelonne publiera Rose in Chains, une romantasy sombre déjà au cœur de toutes les discussions. Et pour cause : ce roman, signé Julie Soto, n’est pas tout à fait inédit. Il s’agit de l’adaptation d’une fanfiction Harry Potter Dramione devenue culte. Retour sur un phénomène éditorial qui illustre aussi parfaitement l’essor des fanfictions dans le paysage littéraire.
Quelle est la date de sortie de Rose in Chains en France ?
La parution française de Rose in Chains est prévue pour le 17 septembre 2025 aux éditions Bragelonne, qui confirment ainsi leur volonté de s’imposer comme l’un des acteurs majeurs de la romantasy et de la dark fantasy. Depuis plusieurs saisons, l’éditeur multiplie les acquisitions de titres internationaux très attendus, et Julie Soto vient renforcer un catalogue déjà attractif.
Cette sortie attire particulièrement l’attention car Julie Soto, déjà remarquée du côté anglophone dans le domaine de la romance contemporaine, signe ici une œuvre plus sombre et peut-être plus ambitieuse. Le roman s’inscrit dans les tendances actuelles, avec un univers de guerre, de captivité et de magie, mais il se distingue par une singularité : son origine. En effet, Rose in Chains est l’adaptation d’une fanfiction Dramione (le ship entre Draco et Hermione, ndlr), ce qui en fait une oeuvre hybride, située entre l’héritage d’un fandom mondial et l’édition traditionnelle.
Dès l’annonce de sa date de sortie, le roman a suscité de nombreux débats sur les réseaux littéraires. Les lecteurs se demandent si le livre séduira uniquement les fans de fanfiction Harry Potter ou s’il parviendra à toucher un public plus large. Dans tous les cas, l’intérêt autour de cette parution témoigne du poids grandissant des œuvres issues de la fan culture dans l’édition contemporaine.
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Rose in Chains, une fanfiction Harry Potter devenue roman original
L’une des grandes particularités de Rose in Chains est son histoire éditoriale. Avant de devenir un roman publié par Bragelonne, il a d’abord existé sous la forme d’une fanfiction intitulée The Auction. Cette œuvre, écrite sous le pseudonyme LoveBitca8, plaçait Hermione Granger dans un univers alternatif où les Mangemorts avaient remporté la guerre. Prisonnière, elle se retrouvait vendue aux enchères à Draco Malfoy.
La fanfiction s’est imposée comme l’une des plus lues et commentées du segment Dramione. Son succès reposait sur un mélange d’atmosphère sombre, de tension psychologique et d’exploration d’une romance ennemies-to-lovers poussée à l’extrême. Julie Soto a su capter ce qui fascinait les lecteurs : une héroïne contrainte, mais résiliente, un antagoniste ambigu, et une dynamique où le pouvoir et le désir se mélangent.
Avec Rose in Chains, l’autrice a recréé un univers entièrement nouveau afin de s’affranchir des références à Harry Potter. Hermione devient Briony Rosewood, une princesse vaincue, et Draco est remplacé par Toven Hearst, héritier ambitieux et redouté. Le contexte magique et politique a été entièrement repensé, mais la dynamique entre les personnages et les thèmes centraux demeurent. Cette réinvention permet à la fois de préserver l’essence de la fanfiction et de proposer une œuvre accessible à un lectorat qui n’est pas familier de l’univers de J.K. Rowling.
Pourquoi Rose in Chains est comparé à Manacled, autre fanfiction Dramione culte ?
La publication de Rose in Chains intervient dans un contexte particulier : celui de la sortie prochaine de Manacled (annoncé dans le catalogue de BMR en France sous le nom d’Alchemised, ndlr), une autre fanfiction Dramione culte qui arrive également en librairie. Cette coïncidence n’a pas échappé aux lecteurs, qui multiplient les comparaisons entre les deux textes.

Les ressemblances sont nombreuses. Tout d’abord, l’ambiance. Les deux récits plongent leurs héroïnes dans des univers dystopiques et oppressants, marqués par la guerre, la captivité et la perte d’illusions. Helena dans Alchemised – anciennement Hermione dans Manacled – et Briony dans Rose in Chains doivent affronter un monde où tout semble perdu, et où leur dignité devient leur ultime arme de survie. Ces atmosphères sombres séduisent un lectorat à la recherche d’histoires intenses, où l’émotion et la souffrance se mêlent à la romance.
On retrouve également des motifs narratifs communs. Dans les deux textes, l’héroïne est vendue ou livrée en captivité, réduite à un objet de pouvoir. Le décor de guerre, omniprésent, conditionne chaque choix et chaque relation. La romance, enfin, se développe selon le trope enemies-to-lovers, dans une progression lente et douloureuse, marquée par le trauma et le doute. Ces éléments contribuent à rapprocher Rose in Chains de Alchemised, qui sont au final deux variations d’un même héritage Dramione.
Éditer les fanfictions Dramione : la nouvelle mode dans le secteur de l’édition ?

Le cas de Rose in Chains et de Alchemised illustre une tendance de fond dans l’édition : la transformation de fanfictions à succès en romans publiés par des maisons reconnues. Ce phénomène, déjà amorcé avec des titres comme After d’Anna Todd ou Fifty Shades of Grey d’E.L. James, trouve une nouvelle vigueur grâce au segment Dramione, qui rassemble une communauté de fans particulièrement active.
Pour les éditeurs, l’intérêt est multiple. D’une part, ces fanfictions disposent déjà d’une base de lecteurs immense et passionnée, ce qui constitue un gage de succès commercial. D’autre part, elles répondent parfaitement aux attentes actuelles du marché : des romances sombres, complexes et enracinées dans des univers fantasy où la politique et la magie occupent une place centrale. Enfin, publier ces textes permet aux maisons d’édition de légitimer un pan de la création littéraire longtemps marginalisé, en reconnaissant la richesse et la puissance émotionnelle des récits issus des fandoms.

Cette mode soulève toutefois des débats. Certains critiques estiment que ces publications manquent d’originalité et se contentent de recycler des trames existantes. D’autres, au contraire, y voient une ouverture bienvenue, permettant de donner une visibilité professionnelle à des auteurices issues de la fanfiction. Quoi qu’il en soit, les ventes et l’enthousiasme des lecteurs confirment que ce mouvement est appelé à durer. Les fanfictions Dramione apparaissent aujourd’hui comme une véritable pépinière pour l’édition romantasy.
Pourquoi la sortie de Rose in Chains chez Bragelonne est un événement littéraire ?
Au-delà de sa simple origine, Rose in Chains concentre plusieurs dynamiques qui expliquent son statut d’événement. La nostalgie joue un rôle important : pour beaucoup de lecteurs, découvrir ce texte en librairie, des années après l’avoir lu sous forme de fanfiction, constitue un moment fort. Le roman devient ainsi un pont entre les souvenirs d’une lecture en ligne et la reconnaissance officielle par une maison d’édition.
Par contre, notons aussi que l’intérêt dépasse largement le cadre du fandom. Rose in Chains s’inscrit dans la vague de la romantasy sombre, l’un des sous-genres les plus populaires du moment. Les thèmes de captivité, de pouvoir et de romance ennemis-to-lovers trouvent un écho direct dans l’engouement autour d’autres oeuvres similaires. Dans ce contexte, Julie Soto arrive avec un roman capable de séduire aussi bien les passionnés de fanfictions que les lecteurs de fantasy grand public.
Enfin, cette sortie marque aussi, une nouvelle fois, la légitimation des écritures issues de la fanfiction. Voir un éditeur comme Bragelonne investir dans ce type de texte envoie un signal clair : les frontières entre amateur et professionnel s’estompent. Les fanfictions ne sont plus considérées comme des récits périphériques, mais comme des œuvres capables de nourrir et de transformer la littérature de l’imaginaire. Rose in Chains n’est donc pas seulement un roman attendu : c’est le reflet d’une évolution plus large, qui redéfinit le rapport entre lecteurs, communautés et maisons d’édition.
