Une action militante lors du Festival du Livre de Paris a ravivé les inquiétudes sur l’influence politique de Vincent Bolloré dans l’édition. En ligne de mire : la maison Fayard, filiale d’Hachette, elle-même contrôlée par la famille Bolloré.
Non, Bolloré ne “vient pas” d’acheter Hachette, malgré ce que disent les réseaux
Depuis quelques jours, TikTok et d’autres réseaux sociaux voient fleurir des vidéos virales annonçant que “Vincent Bolloré vient d’acheter Hachette”. Une information inexacte, qui relance un débat pourtant ancien. En réalité, le rachat du groupe Lagardère — maison mère d’Hachette Livre — par Vivendi (contrôlé par la famille Bolloré) a été autorisé dès 2023 par la Commission européenne. Vincent Bolloré, pour mener l’opération à bien, a dû se séparer d’Editis, un autre géant de l’édition qu’il contrôlait jusqu’alors.
En 2024, Vivendi restructure ses activités autour d’une holding baptisée Louis Hachette Group, qui regroupe ses participations dans l’édition et la distribution. La famille Bolloré y conserve une part importante, affirmant ainsi son influence sur Hachette et ses maisons, dont Fayard. Si ce contrôle ne date pas d’hier, les inquiétudes, elles, persistent — notamment sur la possibilité d’une orientation politique plus marquée des choix éditoriaux.
Fayard dans la ligne de mire pour son orientation politique
La manifestation au Festival du Livre de Paris visait directement Fayard. Les militants dénoncent la visibilité accordée par la maison à plusieurs figures de la droite radicale, comme Jordan Bardella, Philippe de Villiers ou Alain de Benoist. La nomination de Lise Boëll — ex-éditrice d’Éric Zemmour — à la tête de Fayard en juin 2024 alimente la polméique.
Dans le monde de l’édition, la crainte d’une influence insidieuse plane depuis longtemps. Officiellement, Vincent Bolloré ne décide pas de chaque publication. Cependant, en nommant des dirigeant·es qui partagent ses idées, il peut infléchir la ligne générale.
Hachette publie aussi des récits progressistes, parfois qualifiés de “woke” par ses détracteurs, preuve que le paysage reste nuancé. Pourtant, l’idée d’un glissement idéologique orchestré par le haut refait surface à chaque nomination stratégique ou parution polémique.
Image à la une : ActuaLitté via Flickr